La situation n’est pas brillante : Samsung est l’une des rares entreprises au monde à posséder de véritables capacités de fabrication de puces. Toutefois, la division fonderie du conglomérat sud-coréen éprouve des difficultés considérables dans ses efforts pour étendre ses activités de fabrication de processeurs aux États-Unis.
Samsung aurait retardé l’achèvement de son usine de fabrication de puces à Taylor, au Texas, en raison d’un manque de clients pour ses services de fonderie. Selon des sources industrielles citées par Nikkei Asia, le plan ambitieux de l’entreprise sud-coréenne visant à lancer une nouvelle opération majeure de fonderie aux États-Unis est déjà en train de se retourner contre elle.
L’installation devait initialement ouvrir ses portes en 2024, mais elle a été officiellement repoussée à 2026. Les documents de Samsung C&T, une filiale de Samsung qui supervise la construction, montrent que le projet était presque achevé en mars, avec un taux d’avancement de 91,8 %. Toutefois, Samsung n’a pas commencé à installer les équipements de fabrication de puces, qui resteraient actuellement inutilisés.
Une source industrielle de la chaîne d’approvisionnement aurait confirmé que Samsung n’est pas pressée de terminer l’usine de Taylor. La demande locale pour la production de puces avancées est insuffisante, a déclaré la source, et les nœuds de processus prévus à l’origine pour l’installation sont maintenant largement dépassés. Pour aller de l’avant, Samsung devrait réorganiser de manière significative les capacités du site, une entreprise coûteuse dont le retour sur investissement à court terme n’est pas garanti.
Samsung avait initialement prévu de fabriquer des puces à 4 nm sur son site de Taylor, au Texas, mais a ensuite annoncé son intention de passer à un processus plus avancé à 2 nm. L’entreprise s’était initialement engagée à investir 17 milliards de dollars dans le projet, mais au cours des dernières années, cet investissement a atteint 37 milliards de dollars dans l’ensemble de la région du Texas. Ce montant comprend 4,7 milliards de dollars de subventions accordées dans le cadre du CHIPS and Science Act du président Biden.
Toutefois, la nouvelle administration Trump s’emploie activement à démanteler le CHIPS Act et d’autres programmes de financement des semi-conducteurs mis en place sous le mandat de M. Biden. Pour compliquer les choses, Samsung aurait été confronté à de faibles rendements de fabrication avec son processus 2nm, un autre facteur contribuant aux retards de l’usine de Taylor.
Selon Joanne Chiao, analyste chez TrendForce, les rendements 2nm de Samsung se sont améliorés, mais la société continue à faire face à des obstacles internes et externes dans l’expansion de sa présence dans la fonderie américaine. L’usine de Taylor devrait produire des puces pour les smartphones, les PC et l’électronique grand public, mais la demande actuelle dans ces secteurs reste faible.
Samsung reste à la traîne de TSMC sur le marché mondial de la fonderie. Le géant taïwanais domine la production de puces avancées telles que les GPU et les accélérateurs d’intelligence artificielle, grâce à la forte demande des centres de données et des entreprises technologiques. Bien que l’usine de Taylor puisse éventuellement soutenir une production limitée grâce aux subventions gouvernementales et aux incitations fiscales, Chiao suggère que les ambitions initiales de Samsung sont probablement reportées à une date ultérieure.