Berlin/Bruxelles – L’eurocommissaire tchèque Jozef Síkela s’est opposé aux plans climatiques présentés par la présidente de la Commission européenne (CE) Ursula von der Leyen dans une lettre qui lui a été adressée. C’est ce que rapporte le magazine allemand Der Spiegel, qui a eu accès à la lettre. La Commission a proposé un objectif climatique contraignant consistant à réduire de 90 % les émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’ici 2040 par rapport à 1990. Cette proposition a été faite en dépit des réserves émises par certains États, dont la République tchèque. Dans sa lettre, M. Síkela souligne que l’ambitieuse politique climatique de l’UE doit reposer sur un large soutien politique et sur la réalité économique, faute de quoi l’UE risque d’affaiblir son unité.
Selon Der Spiegel, l’eurocommissaire tchèque soutient pleinement la réalisation de l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 dans la lettre, mais a exprimé de « sérieuses inquiétudes » concernant l’objectif de 2040. « Notre proposition doit prendre en compte la réalité économique et sociale et nécessite une large acceptation politique et publique parmi les Etats membres. Actuellement, ce n’est pas le cas », a déclaré M. Síkela, cité par Der Spiegel. Le représentant tchèque à la Commission européenne est responsable des partenariats internationaux.
« Malheureusement, le débat au sein du collège des commissaires a coïncidé avec la conférence des Nations unies à Séville, le sommet sur le développement mondial le plus important de ces dix dernières années. J’ai donc décidé d’adresser à mes collègues une lettre reflétant les négociations intenses que mon équipe et moi-même avons menées en rapport avec cette mesure », a déclaré M. Síkela aux journalistes tchèques à Bruxelles en guise de réponse.
Dans sa lettre, M. Síkela souligne qu’il est nécessaire de renforcer la compétitivité de l’Europe. Selon lui, les objectifs climatiques ne doivent pas mettre en péril la sécurité énergétique. « La lutte contre les prix élevés de l’énergie doit rester l’un de nos principaux objectifs », a-t-il ajouté. Dans sa lettre, il confirme son soutien aux mesures visant à atteindre la neutralité climatique de l’UE, mais exprime également de sérieuses inquiétudes quant aux risques politiques associés à la mise en œuvre de l’objectif de réduction des émissions de 90 % s’il n’y a pas d’accord suffisant entre les États membres.
Selon des sources de la ČTK, les élections parlementaires auront lieu en République tchèque au début du mois d’octobre, et la proposition de la Commission pourrait être approuvée juste avant, lors de la réunion de septembre des ministres de l’environnement de l’UE. Des voix du plus grand groupe parlementaire européen, le Parti populaire européen (PPE), auquel appartient également Mme von der Leyen, ont indiqué qu’il était politiquement risqué d’introduire un nouvel objectif maintenant et de l’approuver immédiatement. Cela pourrait devenir un sujet de campagne tant en République tchèque qu’aux Pays-Bas, où les élections ont lieu le 29 octobre, et dans les deux pays, cela pourrait renforcer de manière significative les partis populistes. (4 juillet)