Landsbergis : « Un mauvais accord en Ukraine rendra l’Europe de l’Est plus vulnérable ».

Accueil » News » Landsbergis : « Un mauvais accord en Ukraine rendra l’Europe de l’Est plus vulnérable ».
Landsbergis : « Un mauvais accord en Ukraine rendra l’Europe de l’Est plus vulnérable ».

BRUXELLES – Un « mauvais accord » en Ukraine, en particulier avec la reconnaissance de l’occupation russe dans de grandes parties du pays, bien que « de facto et non de jure », « réduirait l’influence américaine en Europe de l’Est » et « sèmerait le doute » quant à la volonté de l’OTAN de protéger l’ensemble du flanc oriental, en particulier pour les régions, telles que les pays baltes, plus « vulnérables » à la machine de guerre russe. C’est ce que pense l’ancien ministre lituanien des affaires étrangères Gabrielius Landsbergisqui met en garde l’Europe occidentale – où, selon lui, il subsiste une « sensibilité différente » face à la menace posée par Moscou – contre la tentation de trouver une « zone grise » dans laquelle signer des accords avec Vladimir Poutine.

« Ce qui me préoccupe – déclare-t-il dans une interview accordée à l’ANSA – c’est que, dans l’éventualité d’un accord en Alaska en faveur de la Russie concernant les territoires occupés, au lieu de protester et d’offrir son soutien à l’Ukraine à la place des États-Unis, l’Europe pourrait l’accepter, puisqu’il ne s’agirait pas d’un accord officiel avec l’Ukraine.e reconnaissance, précisément de jure. Le secrétaire de l’OTAN Mark Rutte a fait des déclarations dans ce sens, et je vois d’autres lectures similaires… Et je crains qu’il y ait un récit en cours pour préparer le terrain ». Dans la pratique, le « strict minimum » serait accepté pour éviter le pire.

C’est la logique de l’acquiescement (ou de l’apaisement, en anglais), qui entraîne de multiples conséquences. Les Etats-Unis, dans ce cas, perdraient, par exemple, la confiance de l’Europe de l’Est dans leur rôle de principal fournisseur de sécurité. « Le contrôle de facto de la Russie s’étend depuis 2014 et s’approche de plus en plus de nos territoires », explique M. Landsbergis. « Et si elle allait plus loin ? Et s’il atteignait certaines zones actuellement sous la protection de l’OTAN ? La logique du ‘de facto’ se poursuivrait-elle ? Des doutes s’insinueraient, si ce n’est déjà fait, dans des pays comme le mien ou le mien voisin, et il serait très difficile de les éradiquer. »

Il y a aussi l’aspect du précédent. « Si Poutine sait qu’il peut compter sur un contact direct avec Trump, alors il pourrait décider de prendre les Baltes et dire ensuite ‘maintenant, discutons de cette nouvelle réalité’. Rutte lui-même a cité les Baltes comme un territoire occupé par l’Union soviétique, de facto et non de jure, et qui a ensuite retrouvé son indépendance », affirme-t-il. Comme pour dire que tout est bien qui finit bien. « Alors, si c’était seulement de facto, est-ce que ça irait aussi bien aujourd’hui ? Je suis ironique, mais c’est pour expliquer le risque de cette logique », s’insurge-t-il.

En fin de compte, certaines différences entre l’Europe occidentale – qui n’a pas connu l’occupation soviétique – et l’Europe de l’Est subsistent. « Nous savons qu’il s’agit de l’avenir de nos enfants, et ce n’est pas un hasard si nous sommes déjà proches des objectifs de dépenses fixés lors du dernier sommet de l’OTAN », conclut-il. « L’Espagne, en revanche, peut se permettre exactement le contraire.