Bruxelles/Strasbourg – Le Parlement européen (PE) a adopté jeudi à Bruxelles, à l’initiative de l’eurodéputée slovaque Miriam Lexmann (PPE/KDH), une résolution sur les mesures que l’UE devrait prendre pour protéger ses intérêts économiques, sécuritaires et stratégiques en garantissant l’approvisionnement en matières premières critiques. Il s’agit d’une question fondamentale pour la sécurité européenne, a déclaré l’eurodéputée à TASR.
Mme Lexmann, en tant que membre de la commission du commerce international (INTA) du Parlement européen, a apprécié que le Parlement européen ait accédé à sa demande d’aborder les relations tendues avec la Chine. La résolution, qui a été soutenue par 523 députés, 75 contre et 14 abstentions, précise que les actions de la Chine sont injustifiées et que l’Union européenne doit adopter des mesures coercitives étant donné la position quasi monopolistique du pays dans l’importation de matières premières rares.
La Chine restreint l’exportation de matières premières essentielles pour notre industrie automobile, nos soins de santé, notre secteur de la défense et notre énergie.
« Il est important d’ouvrir cette question fondamentale de la sécurité économique, qui a des conséquences immédiates pour la Slovaquie. La Chine restreint en effet les exportations de matières premières essentielles pour notre industrie automobile, nos soins de santé, notre secteur de la défense et notre énergie », a-t-elle expliqué.
Selon elle, il s’agit d’un modèle répété de comportement dans lequel la Chine abuse de sa position dominante sur le marché et applique des pratiques commerciales restrictives qui sont contraires au droit international.
« Ce n’est pas un comportement équitable et des mesures doivent être prises pour y remédier », a déclaré Mme Lexmann. Le problème est, selon elle, d’autant plus grave que les autorités chinoises exigent des fabricants européens qu’ils délivrent des licences d’exportation. Ceux-ci doivent en effet divulguer des données sensibles, telles que la destination finale du produit, son mode d’utilisation, voire une évaluation de la « fiabilité » de l’entreprise acheteuse. Elle a précisé qu’une telle approche soulève de sérieuses questions sécuritaires, économiques et éthiques que les législateurs de l’UE doivent aborder.
Actuellement, les restrictions à l’exportation imposées par la Chine sont perçues par l’eurodéputée comme la confirmation que Pékin n’hésite pas à utiliser sa position dominante comme outil de pression politique.
« Cette perturbation délibérée des chaînes d’approvisionnement fait partie de la stratégie commerciale de la Chine, qui vise à maintenir la dépendance mondiale à l’égard des approvisionnements chinois », a-t-elle déclaré lors de son discours en séance plénière du Parlement européen. Selon ses propres termes, elle s’attend à ce que la Commission européenne soulève cette question auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et active le mécanisme de lutte contre les pressions économiques. « Nous devons faire comprendre que les restrictions à l’encontre de nos fabricants ne seront pas tolérées », a-t-elle déclaré.
Dans ce contexte, elle considère qu’il est essentiel d’accélérer la mise en œuvre du règlement de l’UE sur les matières premières critiques et de prendre des mesures concrètes pour renforcer l’autosuffisance européenne et protéger les intérêts des citoyens et de l’industrie. (10 juillet)